Durant la Semaine du commerce équitable, la commune de Jette a mobilisé les citoyens autour des enjeux sociaux et environnementaux du textile : ciné-débat autour de la fast fashion, ateliers de teintures végétales et de customisation, vente de vêtements de seconde main… L’occasion de leur présenter, également, les diverses actions posées tout au long de l’année en faveur d’une société plus juste et durable.
Durant les activités, nous constatons aussi que les publics se sentent réellement concernés. Ils sont de mieux en mieux informés.
Inge Bongaerts
Consommation au sein de la commune de Jette de denrées équitables : café, thé, jus de fruits, sucre, biscuits. Organisation d’une Saint-Nicolas durable et d’un petit déjeuner équitable pour l’ensemble du personnel communal. Distribution de paniers garnis de produits éthiques lors de la célébration des jubilaires. Mise sur pied du Jette Met, un marché hebdomadaire porté par une dynamique économique, sociale et en vironnementale durable : marchands permanents et saisonniers de la région, mise en avant de la chaîne humaine plutôt que de la chaîne de production, prix équitables. Sensibilisation des habitants, du personnel d’enseignement, des entrepreneurs, des commerçants… au commerce équitable. Pas de doute, Jette n’a pas usurpé son titre de « Commune du Commerce Équitable » !
« Au fil des ans, les actions posées à Jette en faveur du commerce équitable s’accentuent et impactent de plus en plus de monde », commentent Inge Bongaerts, conseillère en développement durable à la commune de Jette, et Laurent Bourgois, président du Comité de pilotage de la commune en matière de commerce équitable. « Au début, nous proposions surtout aux citoyens de découvrir des produits. Aujourd’hui, nos thématiques concernent différents secteurs et nous veillons à multiplier les portes d’entrée ».
En attestent les nombreuses activités de sensibilisation organisées dans le cadre de la semaine du commerce équitable. Conférence, ciné-débat, ateliers, marché…, il y en avait pour tous les goûts. « Difficile de quantifier avec précision le taux de participation du public », reprennent-ils. « Mais la fréquentation nous semble stable, voire croissante. Et ce qui est certain, c’est que les gens voient, commentent, partagent, de plus en plus, nos publications sur les réseaux sociaux. Durant les activités, nous constatons aussi que les publics se sentent réellement concernés. Ils sont de mieux en mieux informés, ils posent des questions, ils nous remercient de nous engager dans cette démarche. Le nombre de partenaires augmente également au fil des ans. »
Conjuguer les efforts
Selon Claire Vandevivere, Échevine du Développement durable et du Commerce équitable à Jette, « une telle dynamique ne peut s’installer au sein d’une commune sans la conjonction de trois facteurs : l’implication des bénévoles sur le terrain, l’appui du politique et la mise à disposition, au sein de l’administration, de moyens humains et financiers pour coordonner les actions. Jette est une commune qui défend le commerce équitable, mais pas seulement : nous visons aussi le développement durable, l’égalité des chances, l’inclusion de tous. Nous valorisons les entreprises éco-dynamiques, le commerce bio et local, l’économie circulaire, le zéro déchet ». Et Laurent Bourgois d’ajouter : « On ressent cette volonté de la commune de prendre soin des gens, de leur donner la possibilité d’être acteurs de leur vie, de les remettre au centre des préoccupations de la cité plutôt que l’argent ».
Voilà pour l’ambition ! En pratique, toutefois, changer les mentalités et les manières de faire ne se révèle pas toujours aussi simple que cela. « Prenons l’exemple de l’HoReCa : par principe, la plupart des propriétaires d’établissements sont réceptifs au commerce équitable mais quand il s’agit d’enclencher la démarche, souvent, cela coince », illustre Laurent Bourgois. « Quand on cherche à comprendre ce qui les freine, ils évoquent les difficultés de livraison, les contrats qui les lient avec leurs brasseurs et surtout la diminution de leur marge (pour des questions de TVA et parce qu’ils ne peuvent pas augmenter à loisir leurs tarifs). Eux-aussi doivent boucler leurs fins de mois. »
Chi va piano…
« En matière de mobilisation, mieux vaut proposer un petit plus pour tout le monde plutôt qu’une contrainte pour chacun », relève Claire Vandevivere. « Si l’on veut faire grandir ses projets, il convient aussi de se donner de l’espace-temps : je suis une adepte de la politique des petits pas. Nous venons de lancer un appel aux établissement HoReCa pour qu’ils proposent un menu bio, équitable et zéro déchet à leur carte et offrent gratuitement à leur clientèle de l’eau du robinet et nous sommes positivement surpris des candidatures reçues. Parmi celles-ci, une enseigne tendance, active sur plusieurs communes. Preuve que le sujet intéresse et peut être envisagé à plusieurs échelles. Mais il est clair que c’est rarement le core business d’une entreprise, d’un établissement scolaire, d’une administration communale. Et pourtant, il s’agit de la manière dont on envisage l’avenir de notre société, de nos valeurs. En en prenant conscience, la donne peut changer. D’où l’importance pour la commune de Jette de donner l’exemple ! »
Se montrer exemplative… Pour éveiller les consciences. Pour agir en congruence avec le discours prôné. Pour être moteur de changement et motiver les autres communes à avancer dans la même direction. « Nous aimerions développer des liens avec d’autres communes de Belgique et d’ailleurs afin d’échanger de bonnes pratiques et contribuer à ce que Bruxelles devienne une Région du commerce équitable », précisent Inge Bongaerts et Laurent Bourgois. « Parmi nos projets, également : continuer à sensibiliser au fair trade chaque personne rencontrée pour qu’elle en soit une ambassadrice. Le jour où l’on aura inversé le paradigme, où l’on ne devra plus interpeller les citoyens en faveur du commerce équitable, mais que ce sont les échanges inéquitables dont on parlera, nous aurons atteint notre but. »
Texte: Allison Lefevre
Photos: Jette