Un après-midi autour de la fast fashion à Ecaussinnes

16 octobre 2025In Articles

Ce dimanche 12, pour clôturer la Semaine du commerce équitable 2025, le comité de pilotage Commune du Commerce Equitable et l’Administration communale d’Ecaussinnes organisaient un après-midi autour de la fast fashion. Au programme : des ateliers upcyling et un reportage sur la face cachée de la fabrication de nos jeans.

Un stand de produits Oxfam ainsi qu’une exposition sur la fast fashion, réalisée par achACT, étaient présentés en début d’atelier (disponible gratuitement ici).

Autour de quatre tables différentes s’offraient aux participant.es l’opportunité de (re)découvrir des savoir-faire quelque-peu oubliés, ou du moins délaissés, notamment face à l’offre imbattable de la fast fashion : des prix de plus en plus bas, un renouvellement des collections tous les 15 jours (ou 7000 nouveaux articles mises en ligne par jour pour les tenants de l’utra fast fashion), et bien sûr, de la publicité. Un atelier couture à la machine, un atelier de confection de badge, de tawashi et de furoshiki sont proposés : les instructions sont d’abord données par une ou un connaisseur, chacun.e transmettant ensuite ce nouveau savoir aux nouveaux arrivants.

 

Après avoir confectionné des sacs à base d’anciens t-shirt, des éponges à base de chaussettes ou réaliser des emballages cadeau avec des foulards, les participants ont visionné le documentaire « Jeans toxiques, la face cachée de l’industrie en Turquie », introduit et commenté par la suite par Denis Clérin d’achACT. Dans ce reportage, on y apprend le business model par excellence de la grande distribution. En effet, les grandes marques ne produisent plus rien : elles sous-traitent, tout comme leurs sous-traitants. L’opacité de ce système, ce morcellement du secteur, leur permet non seulement de diminuer leurs coûts, mais surtout d’augmenter leurs bénéfices, tout en se déresponsabilisant totalement des conditions de travail des travailleur.ses, qui sont désolidarisés les uns des autres.

Ces conditions, ce sont : des journées de travail de 12 jusqu’à 18 heures, des produits toxiques manipulés sans protection (notamment pour le blanchiment artificiel), des licenciements en cas de syndicalisation ou d’absence de plus de 2 ou 3 jours.

En Turquie, des ateliers de confection de jeans sont présents dans presque chaque sous-sol. Un des intervenants nous expliquent avoir commencé à travailler à l’âge de 9 ans. Il aspire à un avenir meilleur pour ses filles mais, malgré les bénéfices rapportés par la mode, cela ne s’est en aucun cas reflété sur son salaire : il ne reçoit souvent que la moitié de la somme convenue avec le contractant, et les commandes sont trop fluctuantes pour assurer un salaire aux employés. Payé à la pièce, à raison de moins de 15€ par jour, son contrat est plus que précaire. Outre les dégâts sociaux et humains sur leurs conditions de travail, de vie et leur santé, c’est bien entendu l’environnement qui paye également. La mer de Marmara est d’ailleurs surnommée « la poubelle de l’industrie textile ».

Certaines initiatives émergent dans cette industrie, afin de trouver de nouvelles voies en matière de production et de consommation : meilleures conditions de travail, salaire décent, utilisation de matières premières éco-responsable.

 

Durant le débat, Denis Clérin insiste qu’à toutes ces problématiques s’ajoutent également le risque santé pour les consommateurs, le greenwashing, le ciblage de l’industrie textile via les réseaux sociaux. Face à cela, s’informer, partager, signer des pétitions restent les seules armes des citoyens. Certaines pétitions ont par exemple entraîné la signature par plusieurs grosses enseignes d’un accord de prévention des incendies et de sécurité des bâtiments (plus d’info ici). Ces dénonciations font en effet pression sur les marques, avant tout soucieuses de leur image.

L’après-midi s’est terminé par un verre de l’amitié

 

Quelques chiffres rappelés durant l’atelier et le reportage :

  • Un T-shirt, c’est 2700L d’eau nécessaires à sa confection
  • 1,7 million de travailleur.ses travaillent sans contrat, et donc sans aucune couverture maladie.
  • Un adulte européen achète en moyenne 12kg de vêtements neuf par an et en jettent 10.
  • 100 milliards de vêtements sont produits par an, dont 1% du prix seulement est rémunéré aux travailleur.ses qui le fabriquent
  • 75 millions de travailleur.ses dans l’industrie textile
  • Seul 1% des vêtements usagés est recyclé en vêtement neuf

 

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