À Mons, une balade pour questionner nos choix de consommation

15 octobre 2025In Articles

Ce samedi 11 octobre 2025, à l’occasion de la Semaine du commerce équitable, la ville de Mons a servi de décor pour une visite pas comme les autres, organisée par Le Village du Monde, une association habituellement tournée vers les jeunes, à travers du soutien scolaire, des activités éducatives ou encore des formations dans les écoles. Cette fois-ci, Le Village du Monde a décidé d’ouvrir ses visites au grand public, afin de permettre à tous de découvrir autrement les réalités cachées derrière notre quotidien de consommateurs.

La visite guidée « Les circuits longs du néocolonialisme » donne le ton : il s’agit de questionner les logiques de domination héritées du passé colonial, mais toujours bien présentes dans les modes de production et de consommation. L’objectif de cette démarche est clair : faire prendre conscience aux participants des mécanismes néocoloniaux toujours présents dans la fabrication et la circulation des biens, des services et de la nourriture sous le capitalisme globalisé.

En participant à la Semaine du commerce équitable, Le Village du Monde a choisi d’adopter une nouvelle perspective plus critique. Plutôt que de célébrer uniquement les initiatives équitables, l’association a préféré montrer celui du commerce inéquitable et des inégalités qu’il entretient à travers le monde.

En parcourant Mons et en observant des objets du quotidien, du café à la bière, en passant par les vêtements ou les produits alimentaires, les participants ont été invités à réfléchir aux liens invisibles qui relient nos habitudes de consommation aux dynamiques de dominations « indirectes » liées à l’héritage colonial. Guidés par Maxime, animateur de l’association, les participants portent un autre regard sur ces lieux du quotidien : celui des inégalités en matière de production et de consommation.  Cette visite est marquée par une volonté de révéler le fonctionnement des circuits longs et les mécaniques du système économique actuel, tout en abordant ces sujets sans culpabilisation. Au long du parcours, les participants ont pu feuilleter un fascicule rédigé par Le Village du Monde, apportant des informations, des chiffres et des éléments historiques pour nourrir les échanges.

Le café 

Le premier arrêt se situe sur la Grand-Place de Mons. Maxime y présente une gravure représentant des agriculteurs congolais récoltant des fèves de café. Cette image illustre le lien direct entre nos habitudes de consommation et l’héritage colonial. Le guide explique comment, malgré la fin du colonialisme politique, les caféiculteurs demeurent et systématiquement les perdants du commerce mondial, tandis que les quelques multinationales s’imposent comme les décideurs des orientations du marché.

L’industrie brassicole

La visite s’est poursuivie sur une place emblématique de la vie nocturne montoise, où Maxime a abordé les enjeux de l’industrie brassicole. Derrière l’image conviviale de la bière, il dévoile une réalité économique concentrée entre les mains de quelques grandes marques. Celles-ci réalisent d’importants profits sur le continent africain, devenu un véritable terrain de conquête commerciale. Le guide a évoqué la complicité politique, les campagnes de marketing massives et la logique de monopole qui transforment cette industrie en modèle de néocolonialisme économique.

Les banques 

Devant une grande banque du centre-ville, la discussion s’est tournée vers le rôle historique et contemporain de ces institutions financières. Maxime rappelle que les banques européennes ont financé le commerce colonial, et qu’elles continuent aujourd’hui à investir dans des projets qui entretiennent des dynamiques plus que similaires. Les participants ont échangé autour de la pertinence du boycott et de ses limites, entre geste symbolique et efficacité réelle.

Les labels et le chocolat 

Un nouvel arrêt a lieu devant une boutique de chocolats. Derrière sa façade soignée se cache une réalité plus nuancée : l’usage de labels équitables parfois trompeurs. Maxime a insisté sur la nécessité de comprendre la signification et la fiabilité des labels, souvent récupérés par les grandes marques à des fins commerciales plutôt que par conviction éthique.

La Fast Fashion 

En entrant dans la rue commerçante de Mons, le groupe a abordé la question de la mode et de sa production. Les vitrines des grandes enseignes servent de support pour parler du rôle du marketing, de la production massive de vêtements à bas coût, et de la pression constante à consommer. Le guide a mis en lumière les conditions de travail précaires dans les usines et les conséquences écologiques d’un secteur saturé par la surproduction.

L’alimentation 

La dernière étape a été consacrée à l’agriculture et à l’alimentation mondialisées. Maxime a évoqué le traitement des travailleurs agricoles en Espagne et en Italie, employés dans des conditions souvent indignes pour cultiver fruits et légumes destinés à être distribués en Europe. Il a aussi parlé des ravages environnementaux liés à la culture du soja pour l’alimentation du bétail, responsable de la déforestation et de l’exploitation des terres en Amérique du Sud. La visite s’est conclue sur une note plus optimiste avec la présentation du Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST), un exemple de résistance et de solidarité face à un modèle agricole destructeur.

Au cours de cette matinée, les participants ont pu être sensibilisés aux différentes facettes et enjeux du commerce mondial. Ce moment de découverte a eu pour objectif d’amener le public à adopter des choix de consommation plus conscients, respectueux des droits humains et de l’environnement. Chacun est ainsi reparti avec de nouvelles clés de réflexion pour agir au quotidien et contribuer, à son échelle, à un avenir plus durable.

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