Lidl revient à son engagement

Au début de cette année, Lidl Belgium a annoncé qu’à l’avenir, seules les bananes Fairtrade seraient disponibles dans ses magasins. Début septembre, cependant, le discounter a annoncé qu’il reviendrait à son engagement et mettrait à nouveau des bananes certifiées Rainforest Alliance sur les tablettes. Elles sont moins chères: 1,05 euro le kilogramme, contre 1,25 euro * pour les bananes Fairtrade.

Chiffre d'affaires équitable

La décision est venue d’Allemagne et aurait été imposée par les propriétaires de la marque à toutes les succursales Lidl en Europe. C’est une décision économique purement lucrative. Lorsque Lidl Allemagne a décidé en 2018 de ne proposer que des bananes Fairtrade à ses clients, les concurrents ont immédiatement réagi: ils ont déclenché une guerre des prix en offrant de nombreuses promotions sur les bananes, faisant chuter les ventes de bananes chez Lidl. Jan Bock, directeur des achats chez Lidl Allemagne, confirme: «Nous n’avons pas été en mesure de convaincre nos clients de notre engagement. C’est pourquoi nous offrons désormais à nos clients le choix… ». Son patron, Klaus Gehrig, a déclaré lors d’une conférence de presse que c’était une erreur de se limiter aux produits Fairtrade.

On revient donc aux bananes moins chères auxquelles les consommateurs se sont habitués. Le revirement de Lidl ne sera pas sans conséquences pour les coopératives colombiennes qui ont beaucoup investi dans l’obtention de la certification Fairtrade.

«En regardant le tableau plus large, cela soulève la question qu’un kilogramme de bananes cultivées à l’autre bout du monde, qui nécessitent des soins particuliers et doivent être transportés dans des conteneurs à température contrôlée, peut parfois être vendu pour moins de 1 euro. C’est moins cher qu’un kilogramme de pommes produites en Belgique. » Dit Samuel Poos, coordinateur du Trade for Development Center (TDC) d’Enabel. «Il n’est donc pas étonnant que les prix à bas prix aient de nombreuses conséquences négatives, qu’ils aient un prix social et environnemental… mais aussi que les producteurs au début de la filière banane entrent dans une spirale économique négative. Parce qu’ils reçoivent moins de revenus, ils ne peuvent plus couvrir les coûts d’une production respectueuse de l’environnement. Ils ne sont également plus en mesure de prendre correctement soin de leurs bananiers, ce qui finit par affecter leur productivité, ce qui à son tour a un impact négatif sur leurs revenus.

* Prix enregistrés par TDC dans un magasin bruxellois le 18 septembre 2019.