M-fair : un événement dédié à la mode équitable et durable

6 avril 2020In Articles, Interview, Mode

En octobre dernier s’est tenue à Malines la cinquième édition du festival M-Fair, un événement consacré à la mode équitable, composé d’un marché, de défilés de mode et d’ateliers.

Notre motivation principale ? Que les consommateurs et consommatrices se familiarisent de plus en plus avec le commerce équitable.

Marina De Bie - Echevine de durabilité à Malines

« Chaque année, le nombre de personnes qui visitent la M-Fair augmente », déclarent l’échevine de durabilité Marina De Bie et le consultant en développement durable Bart Maes. « C’est là notre motivation principale : que les consommateurs et consommatrices se familiarisent de plus en plus avec le commerce équitable. »

Qu’y a-t-il à voir et à faire à la M-Fair ?

Marina De Bie : « La mode équitable est au cœur de la M-Fair. Vous pouvez y acheter des vêtements équitables sur un grand marché, vous inspirer de défilés de mode, participer à des ateliers vous initiant au tannage du cuir, ou encore à la création de bijoux. Vous pouvez également apporter les vêtements que vous ne portez plus et les échanger à l’occasion d’un swishing ou troc. L’atelier de couture vous permet par ailleurs de découvrir par vous-mêmes des conditions de travail inéquitables. La M-Fair, qui est gratuite, se déroule au centre des congrès Lamot, en plein centre historique de Malines. Son excellente visibilité nous permet de toucher un maximum de personnes. »

Pourquoi organiser ce festival de la mode équitable ?

Marina De Bie : « La mode équitable figure depuis longtemps à l’agenda de la ville de Malines. Lors de la M-Fair, les consommateurs peuvent se rendre compte que le commerce équitable compte bien plus de produits que le café, le jus de fruits… Si les produits alimentaires équitables sont désormais assez bien connus et disponibles en de nombreux endroits, la mode équitable, par contre, n’est pas si facile à trouver.

À travers la M-Fair, nous souhaitons sensibiliser le grand public à la mode équitable et offrir aux Malinois la possibilité d’acheter des vêtements équitables. Enfin, notre concours de mode vise à toucher aussi la jeune génération. Dès la toute première édition, des écoles de stylisme ont pu y participer. Nous encourageons les jeunes à faire preuve de créativité en utilisant des matières recyclées et nous présentons leurs créations sur le podium. Depuis cette année, les stylistes indépendants peuvent également y prendre part. Le nombre d’inscriptions n’a jamais été aussi élevé ! »

C’était cette année la cinquième édition déjà de la M-Fair. Le concept a-t-il évolué au fil du temps ?

Marina De Bie : « L’organisation est sensiblement la même, mais le thème est chaque année différent : les sports étaient à l’honneur cette année. Cela préserve l’attrait de la M-Fair et permet d’attirer des publics variés qui entrent souvent pour la première fois en contact avec le commerce équitable. Nous continuons à nous étendre, parfois même au sens littéral : ainsi, l’année dernière, nous avons organisé un défilé de mode à l’extérieur. »

Collaborez-vous aussi, en fonction du thème, avec d’autres partenaires ?

Bart Maes : « Tout à fait. Lorsque nous braquons les projecteurs sur la mode sportive, l’organisation d’activités sportives va également de soi. Nous nous sommes donc, entre autres, tournés vers l’organisation Buurtsport Mechelen, qui offre aux personnes de quartiers socialement défavorisés la possibilité de pratiquer un sport. Ecolife, un centre de connaissances sur les changements de comportement écologique, a pour sa part présenté des vêtements de sport à l’occasion d’une compétition de tennis de table. Les enfants, de leur côté, ont pu s’en donner à cœur joie sur un château gonflable, tandis qu’à l’extérieur, sur l’esplanade du centre des congrès, ceux et celles qui le voulaient pouvaient participer à des matchs de foot. »

Marina De Bie : « Une présence remarquée a d’ailleurs été celle de l’ancien footballeur Piet den Boer, qui, pour bon nombre de Malinoises et de Malinois, dont moi-même, est un héros depuis son goal légendaire pour le KV Mechelen dans les années ‘80. Il attire lui aussi un public différent. »

Est-ce que vous organisez aussi des activités axées sur le commerce équitable pendant le reste de l’année ?

Bart Maes : « Nous avons développé, avec l’ONG Wereldsolidariteit (l’équivalent en Flandres de Solidarité mondiale), une mallette pédagogique pour les écoles, pour inciter les élèves à réfléchir à leur comportement d’achat et leur fait prendre conscience de leur impact potentiel sur la production et l’offre de vêtements. »

Marina De Bie : « Malines est entretemps devenue une « commune du commerce équitable 5 étoiles », ce qui témoigne de l’attention permanente que nous portons au commerce équitable. Nous publions un guide intitulé Fair en Veggie Gids qui fournit une liste des magasins proposant une offre durable ainsi que des établissements de l’horeca servant des plats végétariens. Nous proposons aussi aux écoliers des balades en vélo qui les emmènent à la découverte de produits et de producteurs de la région, tels que des fermes qui font des glaces artisanales. À Malines, les produits locaux, durables et équitables sont mis en avant toute l’année. »

Organisez vous-même un événement mode équitable ? Trois conseils en or !

Commencez modestement

​Marina De Bie : « Si vous avez des idées pour un événement, ne voyez pas trop grand la première fois, mais faites primer la qualité sur la quantité. Commencez par une bonne offre, qui incitera les visiteurs à revenir la prochaine fois. Votre événement grandira ainsi naturellement. N’hésitez pas à vous faire conseiller pour définir cette offre, de nombreux partenaires ne demandent qu’à vous aider. Pour le festival M-Fair, nous pouvons ainsi compter sur Wereldsolidariteit et leur campagne « Schone kleren (Vêtements propres). Les commerces de mode équitable se feront eux aussi une joie d’apporter leur pierre à l’édifice. »

Définissez d’emblée une feuille de route

Marina De Bie : « Dès la toute première édition, nous avons consigné minutieusement le déroulement de l’événement. Qu’est-ce qui attirait le plus le public, qu’est-ce qui était moins populaire ? Combien de personnes sont nécessaires pour mener à bien un défilé de mode ? Lorsque vous documentez tout de façon détaillée, y compris les choses qui ne se sont pas bien passées, vous pouvez rectifier le tir la fois suivante. »
Bart Maes : « Ce canevas permet aussi de laisser libre cours à sa créativité : comme une partie du programme est fixe d’année en année, vous avez en effet plus de temps pour réfléchir à des éléments nouveaux et innovants. »

Utilisez intelligemment votre budget

Marina De Bie : « La M-Fair est une initiative émanant de la ville et donc partiellement financée sur son budget. Nous demandons par ailleurs une contribution aux commerces participant au marché de la mode afin de constituer un prix pour le concours de mode.

Nous avons aussi toujours tâché d’attirer un nombre élevé de partenaires, notamment des écoles. Cela nous permet de compter sur la collaboration de bon nombre d’étudiants : ceux qui suivent une formation en accueil et réception peuvent parfaire leurs compétences à l’accueil de la M-Fair ; les jeunes suivant une formation en maquillage et en coiffure contribuer au défilé de mode, etc. Tous sont heureux de participer au festival et d’acquérir ainsi une expérience pratique. »

Bart Maes : « Des bénévoles nous aident aussi à monter et à démonter le podium. Pensez donc en tout cas à engager des bénévoles pour votre événement et octroyez-leur éventuellement une indemnité. »

Photos: © Luc Hilderson