Fairtrade Belgium et sa « Sweet Revolution ».
Une recette peut-elle changer nos habitudes de consommation ? À l’occasion de la Semaine du Commerce Équitable 2025, Fairtrade Belgium et les Communes du Commerce Équitable/Fair Gemeenten dévoilent leur campagne « Sweet Revolution », une initiative qui valorise le trio « équitable, bio et local » pour encourager les citoyens à adopter une consommation responsable. Clara Delucis, Campaign & Digital Communication officer, nous éclaire sur les objectifs et les coulisses de cette Campagne.
Une révolution douce pour changer nos habitudes
Sweet Revolution, c’est d’abord un nom qui joue sur un double sens, un jeu de mot anglais qui traduit parfaitement l’esprit de la campagne. Clara Delucis explique :
« Le terme sweet renvoie aux produits sucrés qui constituent une grande partie de l’offre Fairtrade – le cacao, le café, le sucre, le miel, les bananes, etc. Ces ingrédients sont très souvent utilisés dans des préparations sucrées. Sweet signifie aussi « douce », et nous expliquons dans notre campagne qu’il ne faut pas forcément faire de choix radicaux pour changer un peu les choses ».
L’objectif de Fairtrade Belgium n’est donc de prôner des postures radicales. Au contraire, il s’agit ici d’inciter les citoyens à repenser leurs habitudes de consommation, un changement progressif et accessible à tous, qui se concrétise par des petits gestes quotidiens :
« Je pense que les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de ce type d’offre, que ce soit dans les supermarchés ou les commerces de proximité. Proposer des recettes toutes faites est une manière ludique de leur montrer qu’il est possible de cuisiner avec des produits de saison, locaux et équitables. Cela prouve aussi que ce n’est pas si compliqué d’intégrer ces choix responsables dans ses courses quotidiennes. »
Le trio parfait : équitable – bio – local
La campagne portée par Fairtrade Belgium repose largement sur ce que l’organisation nomme « le trio parfait », à savoir équitable, bio et local, pour redonner du sens à son assiette.
D’abord, la dimension équitable concerne surtout les produits importés qui proviennent de filières aux réalités sociales difficiles : travail manuel pénible, salaires très bas, et conditions précaires. En achetant des produits avec le label Fairtrade, on fait en sorte de garantir un prix minimum aux producteurs et productrices, de leur offrir une rémunération plus juste, et d’améliorer leurs conditions de travail.
Ensuite, bien que le label Fairtrade ait également des standards écologiques, avec par exemples des normes environnementales sur la déforestation et une longue liste de pesticides interdits, la certification biologique est également importante pour favoriser des pratiques agricoles respectueuses de la biodiversité et de la santé.
Enfin, le local permet de valoriser la consommation de proximité et le circuit-court. Dans le cadre de la Semaine du Commerce Équitable, il s’agit aussi de soutenir commerces et producteurs locaux : « Ça permet de réduire les kilomètres alimentaires, de renforcer le lien entre consommateurs consommatrices et producteurs productrices, et de faire vivre les commerces locaux »
Les trois dimensions se complètent et se renforce mutuellement. Pour Clara Delucis, le trio parfait c’est réussir « un mix » parfait. Elle explique : « consommer bio ne suffit pas si l’on achète des produits hors saison, comme des fraises en décembre. À l’inverse, consommer local n’empêche pas de continuer à boire du café ou manger des bananes, à condition de choisir le commerce équitable. »
À travers cette campagne, les citoyens sont sensibilisés à trouver un équilibre entre elles, preuve qu’il est possible de conjuguer équitable, bio et local, sans réduire ses choix à une seule option.
Des communes engagées pour transformer l’image du commerce équitable
De manière plus concrète, la campagne s’adresse surtout aux communes qui porteront le message de Fairtrade lors de la Semaine du commerce équitable. L’objectif est donc de mobiliser un maximum d’entre elles pour relayer la campagne, en communiquant, et en organisant des activités autour du trio équitable-bio-local.
Pour accompagner les communes participantes, Fairtrade Belgium leur fournit en premier lieu un toolkit complet de communication et d’animation :
« Nous avons conçu un toolkit extrêmement complet : communiqué de presse, article prêt à être diffusé dans les bulletins communaux, contenus pour les réseaux sociaux, images, affiches, dépliants… Les communes n’ont donc pas besoin de produire elles-mêmes tout ce matériel »
Les communes n’ont plus qu’à reprendre et adapter ce toolkit à leur projet. Le soutien et la participation à cette campagne collective sont facilités par des «menus» qui leur permet de choisir leur niveau d’engagement. Ainsi, elles peuvent opter pour trois formules – small, medium ou large – allant de la simple communication à l’organisation d’activités locales. Fairtrade Belgium prend également en charge la production des affiches et dépliants, mais laisse les communes partenaires totalement libres de leurs actions.
Cette flexibilité et liberté d’action est accueillie de manière positive :
« C’est un moyen de leur faciliter la tâche. Beaucoup ont choisi celles déjà prévues dans le toolkit, tandis que d’autres ont décidé d’intégrer la campagne à leurs propres initiatives, comme un petit-déjeuner équitable. Les retours ont été très positifs, notamment grâce à la possibilité de choisir leur niveau d’engagement. On les soutient quand même beaucoup dans la communication et pour l’organisation. Mais si elles veulent organiser une activité elles-mêmes, c’est tout à fait possible »
La participation des communes n’est pas la seule cible de la campagne. En effet, l’objectif est surtout de mobiliser les citoyens autour de recettes ludiques : « Nous avons mis en place une landing page où chacun peut télécharger un livret de recettes à base d’ingrédients Fairtrade, bio et locaux. Notre objectif est qu’au moins 250 personnes téléchargent ce livret »
Une campagne qui s’annonce prometteuse
Avec déjà près de 101 communes inscrites en ce début de septembre, la campagne de Fairtrade Belgium s’annonce prometteuse. Avec cette approche ludique et gourmande, l’organisation fait un choix de communication différent des années précédentes, démontrant une volonté de rendre le label Fairtrade attractif et accessible. Clara Delucis nous en dit plus sur ce tournant stratégique :
« C’est une approche différente. Les années précédentes, la communication était plus moralisatrice, on insistait sur les difficultés des producteurs et la nécessité d’acheter équitable. Depuis fin 2024, nous avons choisi de changer et de positionner le label Fairtrade comme une “Love Brand”. »
Pour la Semaine du commerce équitable, Fairtrade Belgium met en avant une approche originale et accessible, centrée sur les petits gestes du quotidien. Qu’il s’agisse d’une recette partagée, d’un produit choisi ou d’une activité organisée, chaque action contribue à construire une révolution douce, capable de transformer durablement notre manière de consommer.
Propos recueillis par Lola Jojot et Léna Casado.
Plus d’informations sur la campagne :